Léo a 8 ans, il vient avec ses parents « pour parler ». Il a déjà sauté une classe car il savait lire en GS et comme il était en CP/CE1 il a très vite suivi le programme de CE1. C’est un garçon réservé, timide et de toute évidence très intelligent voire « haut potentiel ». La demande n’est pas un nouveau saut de classe mais des conseils pour qu’il trouve sa place à l’école et que les journées ne lui semblent pas sans intérêt car Léo s’ennuie beaucoup… Léo aime lire, le foot, les dinosaures, les minéraux et les BD…

A la fin de l’entretien, la maman de Léo se tourne vers lui et lui dit : « Tu avais quelque chose à dire à la psychologue aussi… »

Léo m’explique alors que depuis quelques temps, le soir dans son lit, il pense à des choses qui font peur : des têtes détachées et des corps ensanglantés. Ces images l’empêchent de s’endormir. Elles surviennent quand il est tranquille dans son lit et il n’arrive pas à trouver le sommeil. Le coucher est de plus en plus difficile, long et c’est un « calvaire » pour tout le monde ! Les parents de Léo ont déjà consulté le médecin de famille. Ils sont très inquiets et ne comprennent pas d’où ça vient… Ils redoutent que Léo ne développe un problème psychologique grave et qu’il devienne « fou ».

Je les questionne sur des événements familiaux qui auraient pu troubler Léo. Rien ne peut expliquer l’apparition de ces images horribles qui perturbent son sommeil. Je les questionne alors sur les écrans. Léo ne regarde pas la télévision, il ne joue qu’au jeu de Mario Kart le week-end et les parents limitent le temps. Léo n’a pas de tablette et n’utilise pas le smartphone de ses parents. Je leur demande s’il n’aurait pas pu voir des jeux vidéo ailleurs qu’à la maison mais ce n’est pas le cas.

La maman de Léo se souvient alors qu’un jour Léo faisait des recherches sur internet et qu’une bande de publicité verticale s’était affichée avec des têtes et des corps ensanglantées (probablement une publicité pour un jeu vidéo pour les plus de 18 ans). Cette apparition n’avait duré que quelques secondes car la maman de Léo avait tout de suite réagi pour la faire disparaître. Léo ne s’en souvient pas mais sa maman se rappelle qu’il avait été sidéré de voir ça…

J’explique à Léo que l’origine de son problème est sans doute à chercher du côté de ces images qui sont rentrées à son insu dans son cerveau et qui le soir reviennent et lui font peur. Je le rassure en lui disant qu’il n’est pas en train de devenir ni malade ni fou et que je vais donner une adresse à ses parents pour qu’il consulte une psychologue qui sait bien s’occuper de ce genre de problème (EMDR).

Un mois plus tard je revois toute la famille. Léo s’endort à nouveau sans problème, il lit le soir et ne voit plus les images horribles…

Voilà comment des images violentes peuvent faire effraction dans le psychisme d’un jeune enfant, pourtant protégé par ses parents et produire un psycho-traumatisme en quelques secondes au milieu du salon !

Une psychologue