L’histoire d’Ali, 5 ans (Pakistan)

Screenpeace, des solutions durables pour lutter contre la surexposition aux écrans et l'addiction, à Paris - L'histoire d'Ali Pakistant

Je suis le père d’Ali, notre fils de 35 mois, né en mai 2016. Il a deux sœurs de 5 ans et 10 mois. Ali est un enfant très joyeux et actif; entre ses 0 et 2 ans, il s’est développé normalement jusqu’à ce que ma femme soit enceinte de notre 3e. Vers la fin de la grossesse, il a commencé à passer du temps devant la télévision à l’âge de 22 mois environ il avait l’habitude de ne regarder qu’une chaîne, BabyTV, sur laquelle passent en boucle des dessins animés et des comptines. Ali n’est pas difficile sur l’alimentation et n’a pas de problèmes sensoriels ni de problèmes intestinaux, et malgré un faible tonus musculaire, il est très actif et enjoué. Quand la dernière est née, je dois avouer que nous avons moins donné d’attention à Ali et nous avons pris la télvision comme un baysitter (je m’en sens coupable aujourd’hui). Ali a été complétement immergé (5h par jour) dans le programme BabyTV et il a commencé à oublier des mots, et à se désintéresser de ses sœurs, peut-être par jalousie de la dernière qui lui prenait sa place. Ali a commencé à s’isoler socialement et ses crises ont augmenté, il avait l’habitude de babiller les dialogues de BabyTV, de danser, de tourner les yeux, de fermer les yeux et de répéter les dialogues de BabyTV comme il les imaginait, ainsi que d’autres symptômes autistiques tels que le manque de contact visuel. Ces traits sont apparus progressivement et au début, nous n’avons pas remarqué, au point que nous nous en sommes aperçus il y a un mois après et nous avons arrêté la télé. Depuis, son sommeil est revenu à la normale. Ali dort de 10 à 12 heures la nuit et fait une sieste de 2 heures l’après-midi après l’école. Les accès de colère ont beaucoup diminué d’environ 80% et l’hyperactivité d’environ 80%. 9a fera un mois dans 5 jours. Il a commencé à exprimer ses besoins, mais uniquement ce dont il a besoin, il n’utilise pas beaucoup de mots et babille toujours certains dialogues de BabyTV, mais ils ont été réduits de 50% à 80%. Il le fait quand il est excité ou quand je rentre du bureau. La danse et le spinning ont également diminué de 80%. Le contact visuel s’est amélioré de 10% seulement à ce stade. Il nous regarde quand il est loin mais quand il se rapproche il tourne le visage ou ne nous regarde que pendant une courte durée de 2 secondes bien que je puisse voir des progrès. La réponse à son nom a augmenté de 10%. Bien qu’il ne se retourne pas instantanément même si je remarque qu’il réagit à son prénom. Combien de temps devrions-nous continuer ? Il me faut quelques mots d’encouragement, quelques études de cas et des exemples concrets de parents qui ont réussi cela, et combien de temps cela prend-il ? Il a été exposé à 9 mois de télévision environ 5 heures et plus par jour à partir de l’âge de 24 mois à 34 mois. Devrions-nous faire quelque chose d’autre en plus du retrait d’écran? Le papa d’Ali

L’histoire de Théo, 3 ans (France)

Screenpeace, des solutions durables pour lutter contre la surexposition aux écrans et l'addiction, à Paris - L'histoire de Théo France

Théo est né en octobre 2015, il est scolarisé en PS dans un village du Centre. Début octobre, son enseignante rédige une demande d’aide au RASED (réseau d’aides spécialisées aux élèves en difficulté). Les observations qu’elle relate lui font penser à de l’autisme. Elle a conseillé aux parents de monter un dossier à la MDPH (Maisons Départementales des Personnes Handicapées) pour demander une AVS et une équipe éducative est prévue pour mi-octobre. Demande d’aide au RASED octobre 2018 : « Théo court, crie, tape, jette des objets à travers la classe, renverse les caisses de matériel, pousse les tables…. Il ne mobilise pas son attention, n’écoute rien. Il porte tous les objets à sa bouche : matériel de construction, paire de ciseaux, éponge gorgée d’eau, sable… Il ne supporte pas la frustration : il crie, geint, monte sur les chaises et se met en danger. Il se cache dans l’armoire, se met dans les toilettes des adultes dans le noir. Il ne participe pas aux jeux collectifs en salle de motricité. Il semble ne pas ressentir la douleur et refuse de voir l’adulte si il se cogne. Il ne regarde pas dans les yeux et fuit le regard. Il fait de l’écholalie : si on lui dit : « Bonjour Théo», il répond : « Bonjour Théo ». Il connaît les couleurs, des animaux de la ferme, des animaux sauvages, des outils de bricolage, des prénoms de camarades. Il peut réussir certaines activités en présence de l’adulte ». Premier entretien avec la maman et Théo, octobre 2018 : Devant l’urgence de la situation, un rendez-vous psychologique est proposé à la demande de la maman. La maman décrit les difficultés de Théo décrites par l’école et reconnaît qu’il a le même comportement à la maison. La maman s’inquiète beaucoup. Théo tombe beaucoup, il est très actif, ouvre tout le temps les portes, les lumières, casse beaucoup… Théo est le premier et seul enfant du couple. La maman a pris un congé parental jusqu’à l’entrée en PS. L’accouchement a été difficile par césarienne en urgence. Théo avait le cordon autour du coup mais il n’y a pas eu de souffrance fœtale. Il n’a pas été allaité. Nourri au biberon, il mangeait et se développait bien. Il a refusé les morceaux. Il a marché vers 16 mois, faisait beaucoup de 4 pattes. Bébé, il jouait bien tout seul. A partir du moment où il se met à marcher, il touche à tout, déplace tout, n’écoute pas. A 22 mois, il fait des convulsions et il est hospitalisé une semaine. Il dort bien de 20 h à 7h30. Il est propre le jour mais pas la nuit. L’apprentissage a été long : il a été propre 15 jours avant l’entrée à l’école. A la maison, il faut tout le temps l’avoir à l’œil. Il monopolise l’adulte. Théo est décrit comme un enfant câlin. Quand il est puni, il va au coin. La maman dit ne pas céder. Ce qui le calme ? Les dessins animés. S’il est puni de dessins animés ? Ça lui fait quelque chose mais sans que ça améliore son comportement. Quand les parents regardent les informations il est dans la pièce. La maman dit qu’il n’a pas de tablette et ne prend pas son téléphone. Pendant l’entretien, Théo plonge la main dans le sac de sa mère et en retire le téléphone qu’il allume en un éclair… J’émets l’hypothèse que l’exposition aux écrans est minimisé par la maman. J’observe Théo avec sa maman et je communique avec lui par le jeu. Il m’apporte des petites voitures et nous jouons ensemble : il prend plaisir à cet échange, émet des sons que je répète en faisant rouler les petites voitures… Je vois que l’on peut entrer en relation avec lui et qu’il prend plaisir à interagir, qu’il est en demande d’interaction avec moi. J’encourage la maman à beaucoup jouer avec son fils en commentant tout ce qu’elle fait avec lui, de lui lire des histoires, de le promener en mettant des mots sur tout ce qu’ils voient et de réduire drastiquement les écrans. Je lui donne ma fiche de conseils par rapport aux écrans. La maman semble comprendre l’impact des écrans et dit qu’elle va essayer de limiter le plus possible. Je lui demande de ne plus donner son smartphone et de limiter à ½ heure par jour la télévision en privilégiant les DVD adaptés aux jeunes enfants (ex : petit ours brun). Observation en classe en octobre 2018 : A l’accueil, Théo pleure quand sa maman part. Il se calme 5/10 minutes après. Les habitudes de classe sont encore étrangères à Théo (rangement, activités, temps de regroupement…). Il circule en classe, la traverse en courant, peut renverser des tiroirs d’activités… Il ne parle pas, ne communique pas, il est isolé par rapport au groupe. L’enseignante est persuadée qu’il est autiste et voudrait que la famille monte un dossier à la MDPH pour demander une AVS. Elle n’arrive pas à gérer Théo qui perturbe tout le groupe classe (PS/MS). L’ATSEM dont le fils est autiste reconnaît les caractéristiques de l’autisme infantile. Je tente de nuancer leur « diagnostic » et d’expliquer comment faire avec Théo en classe pour le gérer. Entretien avec la maman après l’observation en classe : Je lui décris le comportement de Théo et commence à lui expliquer que de mon point de vue il n’est sans doute pas autiste. Par contre le retard de développement est important. Je lui réexplique qu’il va falloir beaucoup le stimuler dans des situations de jeux : interactions, langage, communication… La maman me confie qu’elle ne supporte pas que le ménage ne soit pas fait, que Théo touche aux robinets, qu’il joue avec l’eau, le sable, la terre… Elle appelle ces moments : bêtises…Je lui explique qu’il a besoin de faire des expériences et de « découvrir le monde ». Les écrans permettent à cette maman d’éviter que Théo ne fasse ces bêtises. Elle reconnaît que Théo a passé l’été dernier à regarder des vidéos sur les téléphones de toute la famille et des amis pendant les vacances. Je tente de lui expliquer que les enfants … Lire la suite

L’histoire de Rose, 5 ans (France)

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Rose est née en février 2014, elle est scolarisée actuellement en MS dans une petite école maternelle rurale. Lorsqu’elle était en PS, l’enseignante avait demandé à la maman de prendre rendez-vous avec moi, psychologue rattachée à l’école car Rose frappait et poussait les autres enfants, le langage n’était pas développé mais elle comptait en anglais et en allemand. Elle ne comprenait pas ce qui lui était demandé en classe. Malgré l’aide apportée durant l’année de PS par l’enseignante, Rose montrait un retard très important dans tous les domaines : psychomotricité, langage, communication, relation aux autres… Lors de l’entretien qui a lieu en juin de la petite section, j’observe que Rose puise dans le sac de sa mère pour en retirer le smartphone et l’allume. Sa mère ne tente pas de lui reprendre car elle redoute une crise terrible. Je pose alors des questions sur le quotidien de Rose : – à 18 mois, la maman achète une tablette à Rose et depuis cette date elle regarde plusieurs heures par jour des vidéos sur YouTube (dessins animés, musique) sinon « elle pique des crises » – depuis ses 18 mois, au réveil, Rose boit un biberon de chocolat et regarde des vidéos sur le téléphone – la télévision est toujours allumée dans le salon – Rose ne s’endort jamais avant 23h, on ne lui lit pas d’histoire et elle dort avec ses parents à cause de ses terreurs nocturnes : « on dirait qu’elle voit le diable… c’est peut-être à cause de YouTube ? Je ne sais pas ce qu’elle regarde… » – la maman ne sort jamais Rose à l’extérieur pour se promener et ne joue pas avec elle… – le papa, d’après la mère, ne supporte pas le désordre et range sans arrêt les jouets que Rose sort de son coffre à jouets Devant le retard global de Rose et la situation de surexposition précoce et excessive aux écrans décrite par la maman, je préconise un arrêt total du téléphone et de la tablette pour Rose et j’explique qu’il faut remplacer ces temps d’écrans par des jeux, des promenades, des lectures de petits livres… J’explique le lien entre le retard du langage, les difficultés constatées à l’école et les écrans qui empêchent Rose d’être stimulée normalement et donc de se développer comme les autres enfants du même âge. Je n’arrive pas à convaincre la maman de Rose qui se désespère juste des listes d’attente chez les orthophonistes et me dit que la limitation des écrans pour Rose ne sera de toute façon pas possible car les grands-parents vivent à la maison et regardent la télévision toute la journée. De plus, si elle empêche Rose de prendre son téléphone à elle il y aura toujours quelqu’un pour lui en donner un… L’enseignante me dira par la suite que la mère de Rose ne souhaite plus me revoir et attend juste un rendez-vous chez un orthophoniste. Quinze jours plus tard, une orthophoniste me contacte car elle vient de faire un bilan : pas de langage spontané, écholalie, compréhension très faible, lexique très pauvre, fait des petites phrases de 2 mots. Le retard est très important. La mère de Rose est très angoissée suite à ce bilan. La rééducation va commencer à raison de 2 fois par semaine (ce qui est exceptionnel!). L’orthophoniste me dit que les parents ne voient pas le problème de Rose. En novembre 2018, l’enseignante de MS me téléphone affolée par l’état de Rose : crises et agressivité envers les autres enfants, réactions violentes imprévisibles, hurle dès qu’il y a une petite frustration. Rose ne comprend pas ce qu’on lui demande en classe et le travail est adapté (à peine un niveau de début de PS). Rose fait des petites phrases mais on a du mal à la comprendre. Elle a besoin d’un adulte pour l’aider et l’accompagner. Une réunion de l’équipe éducative va avoir lieu pour demander une AVS. Les parents donnent leur accord pour que je fasse un examen psychologique afin de constituer le dossier pour la MDPH. Je vois Rose à l’école, elle a maintenant 5 ans et un mois. Je l’observe en classe et je lui fais passer la WPPSI-4 afin d’évaluer son efficience cognitive. Rose a l’air perdu, elle ne peut pas répondre à mes questions car elle ne les comprend pas « comment tu t’appelles ? » Rose lève le doigt, sourit mais ne dit pas son prénom, « quel âge tu as ? » Rose me montre ses oreilles… Elle dit des phrases qui ne répondent pas à mes demandes. Devant l’image d’une banane, elle effleure l’image du doigt (comme sur une tablette) en disant « oh c’est beau ! » sans répondre à ma question qui était « comment ça s’appelle ? ». D’une manière générale, Rose montre les images qui lui plaisent « c’est beau ! » sans tenir compte des consignes. Elle ne dessine que des traits ou des ronds. Le bonhomme même têtard n’est pas représenté. Le QIT est déficitaire. Tous les secteurs du développement cognitif sont touchés que ce soit sur du matériel visuel ou verbal. Le vocabulaire est très pauvre, la compréhension extrêmement faible. La réunion de l’équipe éducative a lieu en mars 2019. Les parents ont entamé un suivi avec le CMP, la rééducation orthophonique est suspendue car l’orthophoniste est en congé maternité actuellement. La maman pleure beaucoup mais minimise le retard de Rose en disant qu’à la maison elle comprend tout, parle, chante des chansons, enregistre tout ce qu’elle fait à l’école mais que « c’est quand elle a envie ! ». Le papa trouve que sa fille est très intelligente car elle compte en anglais… Une psycologue scolaire   

L’histoire de Léo, 8 ans (France)

Screenpeace, des solutions durables pour lutter contre la surexposition aux écrans et l'addiction, à Paris - L'histoire de Léo France

Léo a 8 ans, il vient avec ses parents « pour parler ». Il a déjà sauté une classe car il savait lire en GS et comme il était en CP/CE1 il a très vite suivi le programme de CE1. C’est un garçon réservé, timide et de toute évidence très intelligent voire « haut potentiel ». La demande n’est pas un nouveau saut de classe mais des conseils pour qu’il trouve sa place à l’école et que les journées ne lui semblent pas sans intérêt car Léo s’ennuie beaucoup… Léo aime lire, le foot, les dinosaures, les minéraux et les BD… A la fin de l’entretien, la maman de Léo se tourne vers lui et lui dit : « Tu avais quelque chose à dire à la psychologue aussi… » Léo m’explique alors que depuis quelques temps, le soir dans son lit, il pense à des choses qui font peur : des têtes détachées et des corps ensanglantés. Ces images l’empêchent de s’endormir. Elles surviennent quand il est tranquille dans son lit et il n’arrive pas à trouver le sommeil. Le coucher est de plus en plus difficile, long et c’est un « calvaire » pour tout le monde ! Les parents de Léo ont déjà consulté le médecin de famille. Ils sont très inquiets et ne comprennent pas d’où ça vient… Ils redoutent que Léo ne développe un problème psychologique grave et qu’il devienne « fou ». Je les questionne sur des événements familiaux qui auraient pu troubler Léo. Rien ne peut expliquer l’apparition de ces images horribles qui perturbent son sommeil. Je les questionne alors sur les écrans. Léo ne regarde pas la télévision, il ne joue qu’au jeu de Mario Kart le week-end et les parents limitent le temps. Léo n’a pas de tablette et n’utilise pas le smartphone de ses parents. Je leur demande s’il n’aurait pas pu voir des jeux vidéo ailleurs qu’à la maison mais ce n’est pas le cas. La maman de Léo se souvient alors qu’un jour Léo faisait des recherches sur internet et qu’une bande de publicité verticale s’était affichée avec des têtes et des corps ensanglantées (probablement une publicité pour un jeu vidéo pour les plus de 18 ans). Cette apparition n’avait duré que quelques secondes car la maman de Léo avait tout de suite réagi pour la faire disparaître. Léo ne s’en souvient pas mais sa maman se rappelle qu’il avait été sidéré de voir ça… J’explique à Léo que l’origine de son problème est sans doute à chercher du côté de ces images qui sont rentrées à son insu dans son cerveau et qui le soir reviennent et lui font peur. Je le rassure en lui disant qu’il n’est pas en train de devenir ni malade ni fou et que je vais donner une adresse à ses parents pour qu’il consulte une psychologue qui sait bien s’occuper de ce genre de problème (EMDR). Un mois plus tard je revois toute la famille. Léo s’endort à nouveau sans problème, il lit le soir et ne voit plus les images horribles… Voilà comment des images violentes peuvent faire effraction dans le psychisme d’un jeune enfant, pourtant protégé par ses parents et produire un psycho-traumatisme en quelques secondes au milieu du salon ! Une psychologue